Ancienne colonie portugaise, Macau est la première et la dernière colonie européenne en Chine. Elle bénéficie d’un statut similaire à celui de Hong Kong et est en l’occurrence, une « Région Administrative Spéciale ». La péninsule connaît la plus grande densité du monde (avec 20 500 habitants au kilomètre carré) et accueille en outre plus de 30 millions de touristes par an.
Macau est au carrefour de deux cultures, la culture européenne et la culture asiatique. Une fusion plutôt réussie puisque le centre historique est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. La présence portugaise y est très présente, à l’image de la place Senato, qui n’est pas sans rappeler la Place du Commerce de Lisbonne (Plaza de Comercio) et son Palais Royal jaune safran. Façades colorées (des roses, des jaunes des bleus pastels) et trottoirs mosaïques, qui elles aussi rappellent Lisbonne : la « calçada portuguesa » (littéralement « chaussée portugaise ») consiste en des pavés noirs et blancs aux motifs inspirés de la mer (souvent des vagues, des ondulations). La place Senato est le cœur de Macau depuis le 16ème siècle. Autre trace d’un passé portugais : les noms de rues sont inscrits, en chinois et en portugais, sur des azulejos, ces plaques de faïence à dominante bleuté qui font partie du patrimoine portugais.
L’architecture dite « macanese » de l’Église Saint Dominique, construite en 1587, est un exemple de la fusion deux influences. Notons au passage qu’à l’image de l’architecture, la cuisine locale, née de la fusion entre des saveurs venues de Chine et du Portugal, est elle aussi qualifiée de macanese.
Accents d’Europe et d’Asie, de Portugal et de Chine, Macau est un endroit atypique qui mêle également l’ancien au moderne. Ce sont ces particularités qui lui confèrent sa « vibe » unique. Le Cotai Strip, que l’on pourrait comparer à Times Square, du fait qu’il brille de tous ces feux grâce tant les enseignes lumineuses, sont nombreuses, incarne le visage moderne de la péninsule.
Strip vient de l’anglais « bande » (et parfois piste d’atterrissage) et si, jusqu’à récemment, il n’y avait qu’un « Strip », celui de Las Vegas, il faut aujourd’hui compter avec le Cotai Strip. Las Vegas, ancienne capitale du jeu, est en effet désormais devancée par Macau. L’artère doit son nom (« Cotai ») à un amalgame lexical (« mot-valise ») associant Coloanne et Tapai, deux îles situées au sud de la péninsule. Toutes deux sont des refuges que l’on appréciera si l’on souhaite fuir l’agitation du Strip.
L’île de Coloanne est en effet un véritable havre de paix, réputé pour la plage de Hac Sa Beach et son sable noir. Une balade dans le village de Coloanne, vous offre un dépaysement total : les rues sont des plus pittoresques, fleuries et très colorées. Au détour d’une ruelle, un temple vous rappelle que vous êtes en Asie. Sans lui, vous auriez eu la certitude d’être au Portugal. A la sortie du village, le temple Tin Hau Temple, construit au 18ème siècle pendant le règne de l’Empereur Qianlon, est un exemple de l’influence asiatique. Au cœur du village, la Chapelle Saint François Xavier (1928), église catholique de style baroque, dont la façade jaune semble gorgée de soleil. S’il est un endroit à ne pas manquer, c’est la boulangerie Stow, célèbre pour sa « tarte aux œufs », petit flan pâtissier originaire de Belém au Portugal et que les Portugais appellent pasteis de nata. Pour ce qui est de la gastronomie locale, on s’arrêtera chez Fernando, un restaurant fréquenté par les locaux et envahis par les touristes, qui se chargera de éveiller vos papilles aux saveurs portugaises.
Le village de Taipa est lui aussi un oasis, situé à deux pas du plus gros casino du monde ! La Rua do Cunha, est une rue animée, qui elle aussi témoigne de l’histoire de Macau, de la rencontre des deux influences. On aura la surprise de découvrir un Musée du Vin, nous plongeant dans l’histoire des vignobles portugais.
Alors que le Cotai Strip tire son nom de ces deux villes paradisiaques, il ne saurait en être plus éloigné : on y retrouve des hôtels internationaux, des magasins hors de prix, des machines à sous et autres tables de poker. Le Baccarat reste le jeu le plus joué, mais le poker est en hausse et les casinos, qui boostent l’économie locale et le tourisme, sont employeurs de 20% de la population locale.
Macau que l’on qualifiait il y a peu encore de « Little Vegas » est en effet devenu grand. Si ses revenus provenant des casinos dépassent ceux de Las Vegas, son Strip, n’a rien non plus à envier à son ainé. Le Cotai Strip est résolument inspiré de Vegas : on y retrouve entre autres, The Venitian, hôtel-casino, bâti sur le modèle de l’établissement éponyme et célébrissime du Nevada, qui s’avère également être le plus grand casino du monde. Inspiré de Venise, cette version bling-bling en a quelques attributs (discutables) : des canaux et des gondoliers… Pour le reste, ce sont comme à Vegas, des ciels en trompe-l’œil et un canal qui traverse un centre commercial. Autre établissement illustre de Vegas, que l’on retrouve à Macau, le Wynn Palace. Et comme à Vegas, le Wynn, offre un spectacle son et lumière (appelé ici « l’arbre de la prospérité »). N’oublions pas la petite touche parisienne, elle aussi présente sur les deux Strips : le Parisian Hotel et sa Tour Eiffel, qui offrent une vue sur l’avenue.
Les étoiles semblent pleuvoir aussi dans la péninsule asiatique : les grands chefs étoilés sont à certes à Paris, à New York, à Las Vegas et sont, eux aussi, désormais à Macau ! Win Lei, Robuchon… Vous l’aurez compris, les parallèles sont nombreux. Une différence, la nouvelle capitale asiatique du poker et autres jeux de casino, devance son concurrent américain : en avril dernier, Macau dévoilait ses revenus provenant des casinos : ceux-ci étaient en hausse de 28% par rapport à l’an dernier. Il semblerait qu’après quelques incertitudes, « Little Las Vegas » ait encore de belles années devant lui.